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NQT Delirium: ou comment survivre à sa première année d'enseignement en secondaire en Angleterre!
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NQT Delirium: ou comment survivre à sa première année d'enseignement en secondaire en Angleterre!
  • Moi, Super Bad Teacher, made in France. J'ai eu la folie de faire un PGCE pour enseigner dans le secondaire en Angleterre. Suivez en direct les conséquences de cet acte de folie: l'année de NQT (année de titularisation) Ready? 3..2..1.. Hold tight!
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27 avril 2012

Le monde cruel des enfants

220px-Mean_Girls_movieAujourd'hui, je ne vais pas parler de ma journée - qui fut terriblement tolérable. Non, aujourd'hui je vais vous parler d'une partie de la profession. Ecouter les enfants - et leurs pires histoires.

Les enfants sont cruels. Certes. Mais les enfants souffrent. Du moins, certains d'entre eux. Je suis conscient que je bosse dans une zone difficile d'une grande ville d'Angleterre. Entre gamins qui sont chez des familles d'accueil, des qui doivent gérer plus que ce qu'un enfant devrait gérer, etc. Puis, bien sûr, il y a ceux pour qui tout va bien.

Mais en tant que prof, on doit faire face à tout. De temps en temps, il n'est pas rare que certains gamins me lâchent entre deux passages de rangs, des souffrances. Je les intègre rapidement, sans trop réfléchir. Puis le soir, je tends à ressasser la journée. Là, je comprends. (oui je ne suis pas super réactif, on doit assimiler tant de choses quotidiemment en tant que prof!..) Par exemple, mercredi dernier, à 9h du mat, en salle d'informatique, je regardais le travail des élèves. Un se retourne et me dit que sa grand-mère est morte et qu'il va aller à ses funérailles vendredi. Pourquoi ressent-il le besoin de me le dire? Je ne suis pas proche de lui, je ne lui ai rien demandé, je n'ai pas à savoir ça. Ce n'est pas la première fois. Que dire? "Et toi, ça va?" euh.. Je ne suis pas Mireille Dumas. J'essaye de ne pas trop insister même si c'est peut-être une main tendue que je lâche.

Les enfants se traitent de tous les noms. Dès la 6ème. Par exemple, aujourd'hui, je faisais une activité, les filles contre les garçons. Un des garçons de minorité ethnique à traité le garçon, très timide d'habitude, qui les représentait volontairement de "fille" Quand je lui ai dit de répéter, il l'a fait sans honte. J'ai arrêté le jeu, j'ai pausé un moment en parlant de "bullying" (harcélement moral) Je lui ai demandé de s'excuser devant toute la classe et l'ai gardé après pour lui passer un savon. "Je n'étais pas le seul à dire ça" Alors ça, ça m'éneeeeeeeeeeeeeeeeeeerve, ça a le don de me mettre hors de moi!! "y'a pas que moi" oh.my.god. Bref. J'ai déjà eu affaire à des gamins se traitant de "gay" etc.

Je passais dans les couloirs pour aller à ma salle à midi. J'ai vu un gamin par terre dans le couloir, 3 autres autour de lui. Je suis allé rapidement voir ça. Le gamin pleurait. L'un d'entre eux venait de le frapper. Heureusement c'était ma pause déjeuner, j'ai eu le temps d'intervenir. J'ai demandé ce qu'il s'était passé. Ils ont raconté. Un l'a traité et l'a frappé, gratuitement. Je les ai tous amenés au CPE, j'ai attendu que ce dernier arrive. Ils se sont expliqués... Je trouve ça triste l'enfance. Les gamins peuvent être tellement cruels. Et nous, on est témoin de tout ça. On peut parfois intervenir, mais ne nous leurrons pas, la plupart du temps, on a pas le temps. On voit, on commente et on doit s'en aller vers une autre salle, autre bâtiments, d'autres élèves. Je trouve ça triste. Je suppose qu'il y a une certaine solitude chez les enfants. Du moins, chez ceux là. Parfois je me mets à leur place, et ça me fait froid dans le dos. L'enfance, ça m'angoisse vraiment - et ça, ça confirme cette angoisse.

Être prof, c'est aussi ça, assister aux souffrances des autres - sans parfois forcément pouvoir faire quoique ce soit. . . Non, je ne suis vraiment pas fait pour le secondaire..

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